Bon… Il y a cinq ans, je n’aurais jamais rêvé qu’un jour, je serais en train d’écrire cet article de blog. Mais voilà. Après de très longues réflexions, une année de report de stage et des expériences de l’enseignement en dehors de l’Éducation Nationale, j’ai pris la grande décision de démissionner et de perdre mon CAPES.
Cela me rend encore un peu triste de penser qu’après tout, je démissionne de l’Éducation Nationale. Toutes ces heures de travail, tous ces sacrifices et rêves, et j’ai fini par tout laisser tomber. Mais pour moi, c’était vraiment une question de santé et de ce que j’étais prête à supporter.
Mon stage
Pendant mon année de M2, j’étais en stage de responsabilité où j’avais deux classes à 100 % à ma charge. Malheureusement pour moi, je suis tombée sur un nouvel établissement qui avait déjà un manque de personnel de direction dû aux postes non-pourvus et un public difficile. Encore malheureusement pour moi, on m’a donné les deux classes les plus difficiles de tout le collège. J’avais aussi une équipe de direction qui ne voulait rien savoir de moi et une tutrice très absente. De plus, j’avais des collègues qui me critiquaient souvent car je n’arrivais pas à gérer les classes que même les CPE ne pouvaient pas cadrer.
Je me sentais complètement démunie. J’étais mise en difficulté tous les jours. J’ai assisté à six conseils de discipline pendant l’année, je n’avais aucun soutien sauf celui de mes AESH (qui m’avaient vraiment sauvé la vie) et la situation me rendait physiquement malade. Je ne dormais plus, j’étais angoissée en permanence et je craignais d’aller en cours.
Je savais que je devais m’arrêter. Pourtant, je voulais essayer de prouver que j’étais “assez” pour faire ce métier. Que j’étais prête à tout tenter pour voir si je pouvais calmer mes classes. Mais malgré tous mes efforts, et une bonne relation avec mes élèves, je n’arrivais pas à enseigner dans le calme. Il y avait toujours des insultes, de l’harcèlement sévère, du racisme, et de la violence entre eux.
La période du burn-out
À la fin de mon année de M2, j’étais en burn-out total. J’étais l’ombre de moi-même. J’avais demandé un report de stage pour passer l’agrégation. Mais après les tâches les plus simples, j’étais épuisée et j’avais besoin de repos.
J’ai donc pris la première grosse décision d’une succession de décisions. Je n’allais pas m’inscrire en prépa agrég pour passer l’agrégation.
Je me sentais tout de suite soulagée. J’avais hâte d’explorer et d’essayer de nouvelles expériences pendant cette année de repos.
Mon année de report de stage
C’est à ce moment-là où je me suis lancée dans l’enseignement en tant qu’auto-entrepreneur. Je me suis vite rendu compte que les conditions du système de l’Éducation Nationale ne sont pas pareilles partout !
Être libérée du système des mutations, d’un manque de personnel et de soutien constant, d’un programme qui devient de moins en moins intéressant et de moins en moins exigeant, d’un manque énorme de ressources, c’était une révolution pour moi.
Je commençais à m’éclater au travail, à sentir que je pouvais vraiment enseigner et non seulement faire la police. De plus, je n’avais plus peur de faire cours. Je savais que je pouvais enseigner quand je voulais et prendre des pauses quand j’en avais besoin.
C’était la combinaison de tous ces avantages, ainsi qu’une nouvelle vision sur le monde qui n’était pas limitée par les règles de l’Éducation Nationale, qui m’avaient poussé à prendre l’éventuelle décision difficile de démissionner.
Ma décision finale
Je ressentais, et ressens encore, beaucoup de culpabilité d’avoir pris cette décision. Cela me rend triste pour les enfants qui ont vraiment envie d’apprendre et qui se retrouvent avec un système qui est complètement cassé. Cela me rend triste aussi de devoir sacrifier les parties du métier qui me plaisaient vraiment. J’adore l’environnement scolaire, le contact avec les collégiens et certains super collègues, la correction des copies (oui j’aime bien !!) et SURTOUT la création de cours et de séquences.
Cependant, en fin de compte, ma santé doit prendre le dessus. C’est pour cette raison que démissionner était la bonne décision pour moi. J’essaye maintenant de me frayer un chemin dans le monde en dehors de l’Éducation Nationale dans l’espoir de retrouver ma voie.
Ce blog et notamment ma boutique sur Teachers Pay Teachers étaient mes premières tentatives de trouver une échappatoire qui me plaisait et qui pouvait également me soutenir financièrement.
Même si je suis encore très très loin de cet objectif, car pendant longtemps je me sentais extrêmement perdue et je ne savais plus vraiment qui j’étais, j’espère un jour pouvoir créer des ressources éducatives à temps plein.
L’avenir
Je sais que le fait d’avoir renoncé mon CAPES ne veut pas dire que je ne pourrais jamais le repasser ou travailler en tant que contractuelle. Cette porte restera ouverte, du moins dans la situation actuelle. Mais pour l’instant, je regarde ailleurs pour un travail au sein de l’enseignement qui me convient mieux.
Avec toute grande décision comme celle-ci, c’est toujours très important de s’écouter soi-même et d’essayer de ne pas trop prendre en compte les avis des autres. J’avais, et j’ai, de la chance d’être entourée de personnes qui me soutenaient et qui me trouvaient courageuses d’avoir pris une telle décision.
Je ne peux que maintenant espérer que les conditions de l’Éducation Nationale changent pour le mieux dans un avenir proche et que les gens se rendent compte à quel point le système déçoit les élèves, les parents et l’ensemble du personnel sous son format actuel.
Si vous songez à prendre la même décision que moi, sachez que je suis à tout cœur avec vous ! La décision que vous prendrez sera la bonne pour vous.
Je serais intéressée de lire vos témoignages si vous avez été dans la même situation. Ou si vous avez des réflexions là-dessus.
Si au contraire, vous envisagez de passer le CAPES, je vous donne mes Top 5 conseils pour réussir le CAPES.
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